SEMENCES BIO

Qu’est-ce qu’une semence bio?

Le règlement européen de l’Agriculture Biologique (CE) n° 834/2007 impose, que les semences et matériels de reproduction végétative utilisés par les producteurs soient biologiques (article 12). Il prévoit cependant que des dérogations pour l’utilisation de semences conventionnelles non traitées sont possibles dans certains cas (article 22).

Qu’est-ce qu’une semence bio ? Il s’agit d’une semence dont la plante mère (si semence) ou la plante parentale (si matériel de reproduction végétative), a été produite conformément aux règles de l’AB pendant au moins une génération ou, s'il s'agit de cultures pérennes, deux saisons de végétation (règlement CE 834/2007, article 12).

Lorsque l’on parle d’une «semence biologique», il n’est actuellement pas fait de distinction entre une semence qui est conservée et multipliée en AB sur plusieurs générations et une autre qui n’est multipliée en bio que durant la dernière génération, à partir d’une semence de base conventionnelle: toutes deux sont appelées des «semences biologiques».


Pourquoi utiliser des semences bio?

L’utilisation de semences biologiques par les producteurs en AB permet de développer une filière spécifique «semences biologiques».

En premier lieu, cela permet de préserver la cohérence et la crédibilité de l'agriculture biologique, qui n’est ainsi pas tributaire de l'agriculture conventionnelle pour la production de ses semences. C’est aussi pouvoir assurer au consommateur qu’un produit est totalement bio, de la graine à l’assiette, parfois même de la sélection à l’assiette.

Cela permet aussi et surtout une sélection adaptée avec des critères spécifiques et des méthodes de sélection compatibles avec les principes de l’AB.

L’autre intérêt est que cela permet le développement de techniques spécifiques à l’AB, au niveau de la multiplication au champ (techniques de désherbage notamment), pour le traitement ou l’enrobage des graines bio.

L‘objectif, à terme, est d’avoir une offre satisfaisant au mieux les attentes et besoins des producteurs biologiques ainsi que ceux des consommateurs de produits biologiques.

Quelles pratiques des producteurs bio?

Une vaste étude conduite entre 2010 et 2012 a permis de dresser un état des lieux de “la semence biologique en France”. Les deux enquêtes ont été menées successivement, l’une dans le cadre du projet européen SOLIBAM[1], l’autre dans le cadre d’un projet national[2].


Principaux freins au développement des semences bio

Bien que l’offre en semences bio tende à se développer ces dernières années, elle reste insuffisante en quantité et en diversité pour répondre aux diverses attentes des utilisateurs. Pour expliquer cela, plusieurs facteurs ont été identifiés XXX, parmi lesquels on peut citer :

- Un investissement très faible (aux niveaux public et privé) dans la sélection végétale pour l’AB et dans les techniques de production de semences biologiques.

- Un modèle économique à inventer : 1) pour financer une sélection spécifique, l’évaluation et l’inscription au catalogue officiel des variétés pour l’AB, 2) pour rentabiliser les coûts de production, qui sont plus élevés que pour la production de semences conventionnelles en raison de rendements plus faibles en AB, d’un marché encore réduit et fragmenté (théorie de la « tragédie des petits lots »). Ceci implique également:

· Un surcoût des semences bio par rapport aux semences non traitées: en moyenne de 30% à 100% selon les espèces (toutes espèces cultivées confondues).

· Un manque de disponibilité en variétés adaptées, en particulier pour quelques légumes: c'est la principale raison évoquée dans les demandes de dérogation. Cela est dû à deux raisons principales: d’une part des difficultés de multiplication pour certaines espèces et d’autre part, le choix stratégique de certaines entreprises semencières qui ne veulent pas multiplier en bio certaines de leurs variétés phares.

- Une connaissance insuffisante des besoins et des attentes des agriculteurs biologiques.

- Les attitudes négatives à la fois chez certains producteurs (par exemple, 10% des producteurs de légumes biologiques ne sont pas convaincus de l’intérêt des semences biologiques) et de certaines compagnies semencières obtentrices de variétés qui sont peu enclines à produire des semences biologiques.

- Des exigences réglementaires contraignantes: les semences biologiques doivent se conformer à une double réglementation: une obligation de moyens (le cahier des charges de l’AB) ainsi qu’une obligation de résultats (qualité des semences, agrément des lots). Par ailleurs, il y a un manque de règles spécifiques et adaptées pour l’inscription de variétés pour l’AB.



[1]Projet européen SOLIBAM (Strategies for Organic and Low-input Integrated Breeding and Management), KBBE FP7, 2010-2014, www.solibam.eu

[2]Programme partenarial d’actions pour un développement cohérent du secteur des semences et plants biologiques en France – Projet 2011 financé par le Ministère de l’Agriculture et piloté par l’Agence Bio. Ce travail a notamment impliqué l’Agence Bio, l’ITAB, le GNIS, le GRAB et la FNAB



Articles

State of organic seeds in France 

Rey, F; Sinoir, N.; Wohrer, J.; Touret, C. and Mazollier, C. (2013) State of organic seeds in France. [Semences biologiques en France : quelles pratiques, quelles attentes ?] Innovations Agronomiques, 32, pp. 413-425.

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