OLEAGINEUX ET PROTEAGINEUX EN AB
Derniers acquis de la recherche,
d’expérimentations, et des connaissances de terrain TERRES INOVIA et l’ITAB ont organisé 2 sessions de rencontres PROLEOBIO en mars 2019: à Agen (47) pour la moitié sud, puis à Rennes (35) pour la moitié nord, avec l’appui local des Chambres d’Agriculture du Lot-et-Garonne et de Bretagne. Une centaine de personnes ont participé à ces journées qui ont mis à l’honneur cette année les cultures de diversification avec notamment des focus sur les légumes secs et le lin (session sud), le lupin et le soja (session nord). Les attentes sur les travaux à mener concernent la maîtrise du salissement, la connaissance des variétés et une sélection adaptée aux besoins, la diffusion de références sur des espèces pas assez connues. Pour les légumineuses, la transmission des maladies par les semences et le sol pose la question du relais possible entre espèces, tandis que la problématique du développement des nodosités interroge l’intérêt de l’inoculation. PROLEOBIO, Groupe
national sur la production des oléagineux et protéagineux en agriculture
biologique animé par l’ITAB et Terres Inovia, vise à partager, annuellement,
les derniers acquis de la recherche, d’expérimentations, mais aussi les
connaissances de terrain des différents acteurs des filières des oléagineux et
protéagineux en AB. Ces échanges techniques sont importants pour développer les
collaborations et orienter les actions de recherche et de développement. C’est l’occasion
pour de multiples partenaires[1], acteurs du développement
et de la recherche, de rapporter leur expérience ou résultats
d’expérimentations récentes. Ces apports techniques sont complétés par le
diagnostic des filières des oléo-protéagineux dressé par Terres Univia. ![]() D’un point de vue technique, malgré des situations pédoclimatiques différentes et des cultures abordées variées entre les sessions d’Agen (conditions sud) et de Rennes (conditions grand ouest), des problématiques communes sont ressorties, tandis que sont partagés les grands principes qui régissent la conduite des cultures en AB, à savoir privilégier la prévention et la diversité dans les systèmes de culture. Lin oléagineux (L. Fontaine) Gestion des adventices: une problématique prioritaire en grandes cultures bio
Dans le cas du lin, les acteurs du sud-ouest témoignent qu’une implantation réussie et une bonne levée sont un facteur clé de maîtrise du salissement. Pour le soja en moitié nord, si les adventices sur l’inter-rang se gèrent correctement via le binage, leur maîtrise sur le rang peut être compliquée. Des cultures associées sur le rang ont été expérimentées, notamment par les Chambres d’Agriculture des Pays de la Loire et de Bretagne, révélant des pistes intéressantes, mais réclamant l’acquisition de références complémentaires sur le choix de l’espèce selon les conditions, la densité et les modalités de semis. L’association d’une céréale en plante compagne du lupin se révèle aussi une pratique d’intérêt pour maîtriser le salissement, qui se gère aussi via le binage chez les agriculteurs équipés. Certaines espèces adventices, envahissantes, se révèlent de plus en plus problématiques car se répandant sur le territoire. C’est le cas de l’ambroisie à feuilles d’armoise, très présente dans la vallée du Rhône, dont des foyers sont signalés en augmentation dans le sud-ouest, entre autres. Une étude présentée par l’ITAB montre que son contrôle est possible en AB, via la prévention, des rotations diversifiées et les itinéraires classiques de gestion en interculture et en cultures d’été. Les échanges ont pointé la problématique montante du datura, plante invasive et toxique. Une communication efficace sur ces types d’adventices et leur gestion doit participer à une meilleure connaissance et reconnaissance, et donc à leur contrôle. Le choix variétal demeure un levier essentiel En matière de variétés de soja, les résultats d’essais multipartenaires ont été présentés à Agen (variétés tardives) et Rennes (variétés précoces). Pour le sud, des comparaisons de comportement variétal en conditions irriguées et en sec ont été menées (Terres Inovia, CREABio, CA26), de façon à repérer celles tolérant mieux les stress hydriques, la conduite en sec en bio étant non négligeable. Pour le nord, les références manquent pour les variétés à précocité adaptée (000 et «très très précoces»). Le projet ECoVAB a permis de premières synthèses par Terres Inovia et l’ébauche d’un réseau variétal en AB, dont la dynamique est à poursuivre. La vigueur au démarrage est signalée comme recherchée. En tournesol, une dynamique démarre avec la mise en place de trois essais en AB par Terres Inovia en 2018. Une synthèse sera réalisée en 2019 avec les essais supplémentaires actuellement en cours. En pois chiche, avec l’arrivée de nouvelles variétés, des essais ont démarré en 2018, menés par Terres Inovia et le CREABio. Ils sont à poursuivre et à conforter, sachant que la demande du marché va vers les variétés à gros grain, mais avec des questionnements sur leur sensibilité aux maladies. Une variété à gros PMG est en cours d’inscription au niveau européen. En lin, des essais de variétés de printemps se mettent en place entre coopératives et les sociétés Linéa et Lin 2000.
Lupin blanc (L. Fontaine)
Associer les cultures, gagner en service Face au marché en développement de la lentille, les demandes sont fortes pour sécuriser les rendements. La concurrence des adventices, les difficultés de récolte (verse, cailloux), la problématique montante des bruches sont des freins potentiels à la production de lentilles. Diverses cultures associées ont été testées par Qualisol, demandant des itinéraires techniques variés selon les conditions, notamment de sol. Une thèse a été menée sur l’association de la lentille à un blé de printemps. Des gains ont été notés pour la teneur en protéines du blé, il y a moins de verse (1% de parcelles versées vs 40% en pur), moins de salissement et ce d’autant plus que la pression adventices est forte, selon l’année climatique. En 2018, année difficile pour la lentille, 85% des parcelles en pur seulement ont pu être récoltées; en conduite associée, 100% des parcelles l’ont été. L’association permet ainsi de sécuriser la récolte en année difficile, mais il ne s’agit pas de viser un revenu supplémentaire car, du fait de la concurrence de la céréale, le rendement de la lentille est limité. Les Bio du Gers travaillent aussi cette thématique, en animant et mutualisant les tests de diverses associations menés chez des agriculteurs, avec les objectifs de profiter des atouts agronomiques, de rechercher plus d’autonomie et de stabiliser les rendements. Par exemple, un essai soja-millet montre des résultats intéressants chez l’agriculteur qui l’a testé en 2018. L’itinéraire reste à travailler pour alléger le travail du sol conduit en amont des semis et suivre le risque de repousses de millet, tandis que les débouchés sont à construire et développer pour le millet. En 2019, de multiples essais se poursuivent sur plusieurs espèces (lentille, colza, sarrasin, lentille corail, lin…), on attend les résultats pour la prochaine édition! Dans le quart nord-ouest, le lupin blanc se cultive souvent en association, avec de l’orge préférentiellement. Ajouter des céréales en plantes compagnes permet de participer à la maîtrise des adventices et à la sécurisation du rendement. Les travaux menés en Bretagne et Pays de la Loire ont permis de montrer l’intérêt de l’association pour limiter le développement des adventices, particulièrement en année de pression moyenne à forte. En cas d’accident de production sur le lupin, la céréale est présente en valorisation complémentaire. Ces résultats sur lupin se retrouvent dans les expérimentations menées sur soja dans le nord-ouest: l’intérêt de l’association face à la culture en pur ressort dans des situations où la pression adventices est confirmée. Association lin-avoine (L. Fontaine) La session de Rennes
comprenait la visite de la plateforme
d’essais d’associations céréales-protéagineux de l’INRA, rassemblant 800
micro-parcelles en AB! Plusieurs thématiques y sont travaillées, entre
l’association d’espèces et l’adaptation du choix variétal pour la conduite
associée. Les travaux menés concernent plus particulièrement l’impact de
l’association blé-féverole sur les parasitoïdes des pucerons, le contrôle de
l’ascochytose dans les associations blé-pois et, enfin, la recherche de traits
variétaux dans la réussite des associations. ![]() ![]()
Plateforme d’essais d’associations céréale-protéagineux en AB de l’INRA, au GAEC de la Mandardière à Rennes (Photos L. Fontaine) [1] Sont intervenus ou ont contribué aux résultats pour ces sessions 2019: les Chambres d’Agriculture du Gers, de Bretagne, des Pays de la Loire et de la Drôme, les Bio du Gers, le CREABio, la CORAB, Qualisol, AgriBio Union, Terrena, Agrobio Pinault, Valorex, l’INRA, Terres Univia, Terres Inovia et l’ITAB. |