QUALITE ET SANTE DES SEMENCES

Quelles techniques innovantes pour la qualité des semences ?

Pour assurer une qualité optimale des semences, la multiplication de variétés adaptées à l’AB ainsi que la prophylaxie (mesures préventives) au champ et à la récolte sont prioritaires. Il existe en outre des méthodes pour améliorer, lorsque c’est nécessaire, la qualité sanitaire des semences biologiques. Ces méthodes, potentiellement utilisables en bio visent à éliminer ou contrôler des agents pathogènes pouvant être véhiculés par les semences (bactéries, champignons, virus). Ces techniques, dont certaines en sont encore au stade exploratoire, peuvent être regroupées en quatre catégories :

Méthodes physiques : la thermothérapie est la technique la plus étudiée. Elle consiste à détruire par la chaleur les micro-organismes pathogènes qui se trouvent à la périphérie de la semence sans altérer ses capacités germinatives. Différents fluides de transfert de chaleur sont possibles (eau, air, vapeur). D’autres méthodes sont aussi expérimentées : rayonnement infrarouge, pression osmotique, ultrasons, vide, méthodes mécaniques (brossage, ventilation).

Oligoéléments : ex. traitement avec un produit à base de cuivre.

Extraits organiques : acides organiques (ex. acide acétique ou vinaigre, acide lactique), poudre de lait, de moutarde (ex. TILLECUR: produit retiré du marché), extraits de plantes, huiles essentielles, éthanol.

Micro-organismes : ce sont les méthodes les plus récentes. Il est potentiellement possible de développer des agents de contrôle biologiques contre différents parasites, mais ils seront spécifiques d’un pathogène, la technique ne pourra pas être universelle. Ce sont souvent des champignons ou des bactéries qui sont utilisés en enrobage de semences. Des produits de ce type sont déjà commercialisés en Europe, comme par exemple le CERALL (Pseudomonas chlororaphis), homologué en France sur céréales contre la carie , fusariose et septoriose et utilisable en bio.

La thermothérapie

Certaines techniques, comme la thermothérapie (traitements des semences à l’eau chaude ou à la vapeur), sont déjà pratiquées par quelques établissements, en particulier sur les espèces potagères. Très efficaces contre de nombreux agents pathogènes véhiculés par les semences, ces traitements peuvent être délicats à mettre en œuvre (durée du traitement, température, séchage) pour ne pas affecter la faculté germinative des graines. Sur la plupart des espèces potagères, cette technologie peut être appliquée avec une bonne efficacité contre les infestations fongiques (95 % pour les Alternaria, 80 à 95% pour les Phoma lingam ou Phoma valerianella) ou bactériennes.

Quelques paramètres:

-pour les traitements à l’eau chaude, les paramètres varient de 40 à 53°C et de 10 à 40 minutes, suivant les lots, les espèces et les pathogènes concernés.

-pour les traitements vapeur, la température de la vapeur est de l’ordre de 65°C et la durée de 60 à 120 secondes. Cette méthode de désinfection est donc particulièrement avantageuse en raison de sa courte durée et du séchage rapide des graines après le traitement.

Seules les méthodes physiques, telles que la thermothérapie, n’ont actuellement pas de contrainte réglementaire (excepté le respect de conditions de sécurité), ce qui favorise leur développement, contrairement aux techniques utilisant des produits désinfectants comme le vinaigre par exemple.

Le vinaigre[4]

L’utilisation du vinaigre remonte au moyen-âge. L’action de l'acide acétique, l'ingrédient actif du vinaigre, en tant que fongicide est signalée de nombreuses fois dans les publications scientifiques et techniques à partir de 1928. Le vinaigre est alors utilisé comme fongicide pour protéger les plantes de blé et d'orge ou des semences de légumes (carottes, tomates...). Cette technique a ensuite été remplacée par les traitements chimiques.

Récemment, avec le développement de l’AB, cet usage du vinaigre pour la désinfection de semences a été remis au goût du jour, et plusieurs travaux sont en cours en France et à l’étranger pour en comprendre son mode d’action et en mesurer son efficacité vis-à-vis de plusieurs pathogènes. Ces travaux ont d’ailleurs permis à l’ITAB de déposer en 2013 un dossier d’homologation en tant que substance de base au règlement phytopharmaceutique.

Selon des études expérimentales, le vinaigre limite l’agression des spores de champignons. Dans les protocoles, les graines contaminées sont trempées 10 à 40 minutes dans une solution contenant du vinaigre à différentes concentrations en acide acétique[5]. Ce dernier présente des propriétés fongicides à large spectre, utilisé seul ou en combinaison, par exemple avec des oligo-éléments tels que le cuivre. Son effet a notamment été démontré sur Alternaria en carotte et tomate, maladies fongiques transmises par les semences. Sur des semences très contaminées de carotte, des concentrations de vinaigre à 2% d’acide acétique donnent des résultats équivalents à ceux de l’eau de Javel.

Le vinaigre a également un effet bactéricide, grâce à son impact sur le pH du milieu qui est responsable de cet effet. Selon la littérature scientifique, les bactéries pathogènes exigent une valeur optimale de pH de 7,2 pour leur croissance: le milieu acide induit par les vinaigres limite leur développement. Par exemple, au delà d’une concentration de 2,5% d’acide acétique, le vinaigre (de cidre, de vin blanc et rouge) inhibe la croissance de l'agent causal du chancre bactérien de la tomate (Clavibacter michiganensis) et de la moucheture bactérienne de la tomate (Pseudomonas syringae pv.Tomato). L'effet inhibiteur du vinaigre à une concentration de 10% est supérieur à une solution de 50 ppm de sulfate de streptomycine (antibiotique).

Les tests de germination ont montré que les différents types de vinaigre examinés n’influent pas sur la capacité de germination des graines traitées si la concentration est faible. L'effet inhibiteur des vinaigres sur la capacité de germination des semences débute à une concentration de 2,5% et s’intensifie proportionnellement à la concentration. Sur tomate, une concentration supérieure à 20% réduit la capacité de germination et ralentit la croissance des plantules.


 

 



[1] Instance Nationale des Obtentions Végétales (INOV), intégrée au GEVES, qui édite un «Bulletin Officiel de l’Instance Nationale des Obtentions Végétales» avec les COV français en vigueur (abonnement payant).

[2] Pour les COV européens, il existe un site Internet où il est possible de connaître les titres en vigueur (http://www.cpvo.europa.eu)

[3] ISBN: 978-2-36098-056-7

[4]Cet article fait état de résultats de recherches sur l’efficacité du vinaigre, il ne propose en aucun cas des recommandations de traitement, tant qu’il n’est pas approuvé par le règlement (CE) n°1107/2009 en tant que substance de base.

[5] Le vinaigre commun a généralement un concentration moyenne de 5 à 8% en acide acétique.



[1]Plante autogame: plante dont les individus ont la capacité de se féconder elles-mêmes, le pollen de leur étamines étant compatible avec leur pistil, et privilégient ce mode de reproduction. N’est jamais observé à 100%. Exemples de plantes autogames: le haricot, la laitue, la mâche, le pois et en partie la tomate (suivant les conditions de culture).

[2]Plante allogame: plante dont la reproduction implique ou privilégie un croisement avec d’autres individus (pollinisation croisée). Le vent (ex. pour maïs, betterave) et les insectes (ex. pour carotte, choux) sont les principaux vecteurs du pollen.

[3]Plante annuelle: le cycle de vie de la plante ne dépasse pas une année de culture (ex. laitue, pois, radis). Elles ont un cycle assez court pour être effectué complètement (du semis à la graine) en une seule saison.

[4]Plante bisannuelle: même si le légume peut être consommé la première année, ces plantes ont besoin d’une seconde année de culture pour produire les éléments floraux qui donneront des semences.






Gestion des virus sur plants de pomme de terre en Agriculture Biologique

L’objectif de l’étude exploratoire est d’identifier des pistes de recherche et d’innovation qui

permettraient de développer une gestion plus globale des virus sur la sélection de plant de pomme de terre pour l’agriculture biologique, qui prendrait en compte tous les éléments écosystémiques.

Voir le rapport de stage de Simon le Grumelec >>
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